Laissez-passer de Syndil
Je suis un nouvel arrivant à Camelot qui demande un laissez-passer.
Âge : Inconnu ; Localisation : Devant les portes de Camelot ; Anniversaire : Inconnu ;
Passions : Vivre.
Ici pour : Réapprendre à vivre.
J'ai trouvé une lettre ce matin, abandonnée, laissée pour compte sur la terre boueuse à la lisière de la forêt. Je n'ai pas pu me résoudre à la laisser seule, elle aussi.Je n'arrivais pas à la lire totalement, mais mon regard portait toute son attention sur le nom, et surtout sur la ville. Comme si quelque chose voulait guider mon regard vers cela, la lumière c'était faite plus forte à cet endroit de la lettre. J'ai compris qu'il s'agissait d'un poème, certainement perdue à l'orée de la forêt par un messager. Je ne crois pas au destin.Chapitre premier
L'abandon
Je ne vais pas faire long. Je n'aime pas la longueur, et n'aime pas parler de moi dans les détails.
Je suis né, je ne sais pas où, quand, ni comment. Mes ''parents'', ne m'en ont jamais parlé. Du moins, pour le peu de temps où je les ai connu. Je ne sais même pas si je savais parlé quand ils sont partis. C'est déjà loin, c'est du passé. Mes parents m'ont quitté quand je devais avoir un an, je pense. Peut-être deux, trois tout au plus. Je n'ai que des fragments de flou en mémoire. Le temps m'a tout arraché. La seul chose dont je me souviens, le seul fragment qui n'est pas encore flou, c'est celui qui représente ma douleur, et ma souffrance quand ils m'ont abandonné. Oui, abandonné. Ils m'ont fait sortir de la maison, enfin, si c'était bel et bien dans une maison que j'habitais. Ma mère m'a poussé brusquement, et là s'arrête le fragment. Enfin non, pas tout à fait, puisque je me souviens de cette infâme douleur qui m'a rongé, et que j'ai appris à combattre. J'étais trop jeune à l'époque, je pense. Je n'avais pas compris ce qui se passait, ou du moins, je ne m'en rappelle plus. Avec le temps, j'ai émis toutes les hypothèses possible, passant de la pure méchanceté, à l'acte désespérée d'une mère pour sauver son enfant.
Le souvenir suivant, remonte un long moment plus tard, j'étais perdu dans un petit village, je ne saurais dire où, et un chien est venu me lécher, m'enlevant un peu de la crasse qui s'était accumulé sur moi. Cela devait faire plusieurs lunes qu'on m'avait abandonné, mais rien n'est certain, la notion du temps qui passe n'est pas la même chez un enfant en bas-âge, particulièrement quand celui-ci ne connaît rien de lui. Ah si, je sais qu'à ce moment de ma mémoire, je savais parler. Comment ? Pourquoi ? Qui ? Où ? Aucune idée. Un homme armé s'est approché de moi, il me regardait méchamment, on aurait dit un monstre. Il a frappait ce pauvre chien, qui est partit aussi vite en boitillant. J'étais triste pour l'animal, c'était de ma faute si on lui avait fait du mal. L'homme s'est approché de moi et m'a grommelé quelque chose. Quoi ? Je ne sais pas. Et il est repartit, me laissant là, à nouveau seul. Je crois que je me suis endormi après, épuisé par la peur.
Quand je me réveille, je suis plus vieux. Je ne sais toujours pas qui je suis, comment je suis arrivé là, dans quel but, quel âge j'ai, quand je suis né, rien. Je cours, encore, dans un but incertain dans une rue. Il me semble que quelqu'un me suit. Un jeu ? Non, je me souviens avoir eu mal après, très mal. Cela, je ne risque pas de l'oublier, la marque sur mon bras est encore là pour me le rappeler. Je suis tombé, on m'a rattrapé, et traîné sur le sol jusque dans un bois à l'écart de la ville. On m'a torturé, même si je ne saurais plus décrire ce que j'ai subi, sauf pour cela. Je me souviens qu'une personne me posait des questions sur moi, pensant avoir attrapé un enfant d'un noble pour demander une rançon sûrement, c'est ce que je me dis maintenant. J'aurais dû inventer une histoire, il m'aurait certainement moins fait de mal. Oui ? Mais après ? Quand ils auraient découvert la vérité... Je serais certainement mort, et malgré tout, j'ai pris goût à l'envie de vivre.
Il me semble avoir avouer que je ne me souvenais de rien, que je ne savais plus qui j'étais. Il m'a menacé, il car je vois mal une femme faire du mal à un enfant, même si cela reste plausible. Il disait que je mentais. Je me suis débattu, et à ce moment précis, j'ai eu mal. Très mal. Il a seulement approché un couteau de cuisine de mon bras, ouvrant une très fine plaie, seulement la peau était touchée à ce moment-ci. Néanmoins, ça ne dura pas, il m'a menacé d'en faire plus. Et plus les menaces fusaient, plus je me débattais. Il s'est éloigné, et deux sont revenus. L'un d'eux a repris le couteau, et a continué le travail du premier sur mon bras. Après ça, c'est du noir.
À mon réveil, une famille se trouvait autour de moi, et une femme était en train de soigner mon bras. J'avais l'impression de ne plus rien sentir. J'avais presque espéré mourir. Un "il se réveille", et je me suis rendormi.
Plus tard, j'ai ouvert les yeux, une femme préoccupée parlait de quatre journées. J'en déduisais là le temps de mon "absence". Elle s'est précipitée vers moi, avec de l'eau, et de la nourriture. Je n'avais pas spécialement faim. Je m'étais bien habitué à ne pas manger, où à manger ce que je trouvais sur le sol quand il y avait quelque chose. La gorge sèche, j'acceptais volontiers l'eau. La famille ne semblait pas riche, et pourtant il m'avait recueilli. Je me dis encore que j'ai eu de la chance de tomber sur eux, et que c'est grâce à eux que je me bats pour vivre. Peu de temps après, un homme c'est approché de moi, et a commencé à me poser des questions, auquel je répondais presque systématiquement par un "je ne sais pas"...
Chapitre second
Le vol
On m'a donné un nom, Syndil. C'était le nom d'un enfant dans l'histoire préférée du fils de la famille. On a estimé mon âge entre six et onze ans. Je faisais déjà vieux, ce que j'avais pu éventuellement enduré n'aidant en rien les ravages du temps. Ils sont devenus mes parents adoptifs. Ils me considéraient comme un fils. Je les considérais comme mes parents, pendant un temps. J'ai vite compris que j'étais un poids qui s'était rajouté dans la famille. Ils n'avaient que peu d'argent, et une nouvelle bouche à nourrir coûtait cher, surtout pour le peu d'aide que j'étais apte à apporter. Je me sentais inutile, je peinais à utiliser mon bras pour aider mon ''père'' dans les travaux aux champs.
Les fragments sont clairs sur cette période, mais je préfère passer les détails mélo-dramatiques, ou dramatiquement mélancoliques, je ne sais pas.
Près de deux ans après qu'ils m'aient recueilli, je me suis perdu dans petite clairière, alors que je vagabondais, à la recherche de quelque chose à voler. Je n'étais certes pas un maître dans l'art du vol, mais mes capacités à crocheter une serrure étaient plutôt convaincantes. Mes petites mains me manquent à ce niveau là. Enfin, j'étais seul, il faisait nuit. Le cadre d'un vol idéal, si je n'avais pas eu l'intelligence de vouloir avoir une vue ''d'ensemble''. Je me suis retrouvé dans un cercle épineux, des roses. Des roses bleues poussaient un peu partout. C'était magnifique, presque magique. Enchanteur même. Je n'en croyais pas mes yeux, c'était plus beau que ce que je n'aurais jamais pu imaginer. La lune n'était pas très présente dans le ciel, mais les rayons qui perçaient les différents nuages, et qui réussissaient à atteindre les fleurs, donnaient une atmosphère mystique à la scène. Les pétales brillaient sous la couche de lumière bleutée. Le vent les secouait fébrilement, comme s'il avait peur des les casser. Si la mère nature pouvait avoir un visage et existait, j'aurais juré que c'était elle qui se tenait face à moi.
Pourtant, j'ai souillé l'endroit, d'une main corrompue, j'ai coupé une rose. Comme si cela avait perturber le charme de la scène, la lumière se fit plus discrète. Certainement l'imagination d'un enfant à ce moment-là. J'admirais la rose que je faisais tourner entre mes mains. Des petites gouttelettes sur les pétales, comme si elle pleurait. Comme si on lui avait arraché la vie. Elle me semblait parfaite, idéale. Symbole de pureté, dit-on. J'ai décidé alors de m'en servir à des fins moins glorieuse.
J'ai continué d'avancer dans la clairière, ma rose toujours en main. J'avais envie d'adrénaline. De ressentir l'excitation d'un vol. Je me suis mis à courir, je trébuchais, et reprenait systématiquement ma course folle. Les joies d'une enfance retrouvée.
Chapitre troisième
La fuite
En cours ~~